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Le microcrédit, un soutien décisif à l’entrepreneuriat au Brésil – The Conversation

Fabio Saliba, IAE Lyon School of Management – Université Jean Moulin Lyon 3 et Thomas Rouveure, IAE Lyon School of Management – Université Jean Moulin Lyon 3, Le 4 Juillet 2022

Les très petites entreprises (TPE) ont un poids considérable dans l’économie du Brésil : elles représentent 53,4 % du PIB national. Dans le domaine de l’industrie, leur participation (22,5 %) est déjà proche de celle des moyennes entreprises (24,5 %) et dans le secteur des services, plus d’un tiers de la production brésilienne (36,3 %) provient de leur activité.

L’impact des TPE dans l’économie brésilienne s’explique par la création de supersimples qui a réduit les impôts et unifié huit impôts en un seul, mais également par l’augmentation de la scolarisation au Brésil et l’expansion du marché de consommation depuis 2011. Ces trois facteurs ont motivé les Brésiliens à entreprendre par opportunité et non plus par nécessité.

Malheureusement, la plupart des entrepreneurs rencontrent encore des difficultés à obtenir des ressources pour démarrer l’entreprise. Celles-ci doivent être bien planifiées et structurées pour assurer une performance globale et durable de l’entreprise. La difficulté d’accéder au crédit demeure donc un obstacle de taille à la croissance et à la survie des TPE.

Aujourd’hui, les petites entreprises brésiliennes disposent de trois voies différentes pour accéder aux ressources financières nécessaires à leur développement : les banques, les usuriers et les sociétés de microcrédit. Il ressort d’un récent travail de recherche que ce sont ces dernières qui représentent la voie d’accès au financement la plus efficace.

Depuis 50 ans

La première initiative de microfinance au Brésil a eu lieu à Recife, Pernambuco et Bahia, en 1973. L’Union du Nord-Est pour l’Assistance aux Petites Organisations (UNO) avait alors dirigé un programme de microcrédit devenu une référence pour plusieurs initiatives similaires en Amérique latine. Cependant, malgré ses succès, l’UNO a fermé en 1991, principalement en raison de son incapacité à générer une viabilité financière à long terme.

En 1982, la deuxième organisation du segment de la microfinance entre en vigueur. Il s’agit de l’Association brésilienne pour le développement de la femme – Banco da Mulher, créée à Rio de Janeiro pour lutter pour l’insertion des femmes dans la société et dans la qualité de vie de la famille. Plus tard, avec l’aide du Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) et de la Banque interaméricaine de développement (BID), Banco da Mulher a été lancé à Bahia, offrant un cours de formation et un crédit financier avec un soutien à la commercialisation.

Quatre autres institutions ont ensuite été créées entre 1986 et 1989, à savoir Banco do Microcrédito (Paraná), Promicro (District fédéral), le Centre de soutien aux propriétaires de petites entreprises (CEAPE-RS à Porto Alegre, Rio Grande do Norte et Maranhão, devenue le CEAPE national en 2018) et l’Institut du développement de l’action communautaire (l’IDACO, à Rio de Janeiro).

Dans les années 1990, trois autres initiatives voient le jour : Pró Renda à Ceará, le Tool Desk de Caixa Econômica Federal et Banco Providência à Rio de Janeiro. Enfin, certaines banques privées ont commencé à fournir des microcrédits aux entrepreneurs formels et informels à partir de 2002.

Rapport qualité/prix

Le microcrédit, dans notre étude, est considéré comme l’octroi de prêts de faible valeur de 21 000 reals brésiliens maximum (3 414 euros) à de petites entreprises n’ayant pas accès au système financier traditionnel (prêt bancaire), principalement parce qu’elles ne peuvent offrir de garanties suffisantes.

Notre étude, menée entre août 2019 et août 2021 auprès de 114 d’entrepreneurs souhaitant recourir à un microcrédit à São Paulo, a permis de faire ressortir les principaux facteurs de motivation du choix du microcrédit que nous pouvons classer en 4 dimensions :

Tout d’abord, la dimension relation client, qui est exprimée par 90 % de notre échantillon (102 sur 114). Les entrepreneurs apprécient en effet d’être traités avec empathie, comme le souligne l’un de nos répondants :

« J’ai trouvé une structure qui m’écoute et me respecte en tant qu’entrepreneur, ce que je n’avais jamais vu auparavant dans une banque ».

Ensuite, la facilité d’accès est mise en en avant par 75 % de notre échantillon (85 sur 114). Les entrepreneurs peuvent en effet demander de nouveaux prêts lorsqu’ils ont déjà payé au moins 80 % des échéances du précédent, ce qui n’est pas le cas des banques ou des usuriers. L’un d’entre eux en témoigne :

« Mes interlocuteurs disposent d’un historique de toutes mes activités, ce qui facilite l’approbation d’un nouveau crédit lorsque j’en ai besoin. Cela me donne plus de sécurité ».

Environ 60 % de l’échantillon (68 sur 114) salue également le microcrédit comme un moyen de limiter la bureaucratie qui peut constituer un obstacle à l’approbation du crédit. Un entrepreneur reconnaît ainsi que :

« Tout est plus rapide lors de la demande d’un nouveau crédit. Cela garantit que j’ai toujours une alternative disponible lorsque j’ai besoin d’argent pour gérer mon entreprise ».

Enfin, 40 % de notre échantillon (45 sur 114) évoque l’avantage d’une planification financière personnalisée. L’un de nos répondants y voit un de la compréhension fine des besoins des par les sociétés de microcrédit :

« La partie encaissement est bien développée, ils ne nous font pas oublier le paiement, cela aide beaucoup à planifier la partie financière et à respecter nos obligations avec eux ».

Plus globalement, lorsque les entrepreneurs ont été interrogés sur les principaux facteurs positifs par rapport au crédit reçu, 100 % des répondants ont pointé le rapport qualité/prix comme principal facteur de souscription.

Alternative essentielle

Le microcrédit se donc présente comme un véritable créateur d’opportunités. Sans ce soutien, les entreprises de notre échantillon n’auraient pas pu aboutir aux améliorations et aux progrès qu’elles ont réalisés grâce à ce canal de financement.

Soutenir l’accès au crédit des petites entreprises constitue donc l’une des fonctions motrices pour l’émergence d’alternatives professionnelles, l’augmentation de la productivité, la faisabilité de nouvelles entreprises et, par conséquent, le développement de l’économie nationale. Ainsi, l’instrument du microcrédit devient une alternative essentielle dans la lutte contre la survie et le développement des très petites entreprises au Brésil.

Fabio Saliba, Enseignant vacataire, IAE Lyon School of Management – Université Jean Moulin Lyon 3 et Thomas Rouveure, Chercheur associé, IAE Lyon School of Management – Université Jean Moulin Lyon 3

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.


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