Experts en Management
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Mohamad Hassan Shahrour, IAE Nice et Aymen Smondel, Université Côte d’Azur, le 2 Octobre 2022
La pandémie de Covid, suivie de turbulences géopolitiques qui ont entraîné une crise énergétique, a placé la stabilité financière mondiale dans une position peu enviable. Un tel environnement a créé une grande incertitude, conduisant les décideurs politiques du monde entier à imposer diverses politiques et restrictions. Ces actions ont entraîné des interruptions considérables dans le monde des affaires, créant une rupture de la chaîne d’approvisionnement et une profonde contraction économique.
En raison de la convergence de déficits économiques importants et de niveaux historiques d’endettement des entreprises, outre les mesures de stimulation adoptées par les gouvernements, les pays se retrouvent aujourd’hui à lutter contre l’inflation. L’inflation, dans sa définition la plus simple, est une hausse des prix et peut se traduire par une baisse du pouvoir d’achat. En effet, elle est une réaction à différents facteurs de la conjoncture économique.
En matière d’inflation, la France semble mieux résister que ses voisins. En août 2022, le taux d’inflation (mesuré par l’indice des prix à la consommation) en France était de 5,8 %, contre 7,9 % en Allemagne, 9,1 % en Italie et 9,9 % au Royaume-Uni.
Le principal défi auquel les pays sont confrontés, et qui contribue à l’inflation, ou à la stagflation (qui désigne une combinaison de l’inflation avec une faible croissance économique) pour certains pays, est l’immense augmentation des prix de l’énergie. Face à cette hausse, le gouvernement français est intervenu par ses dépenses massives pour atténuer les coûts énergétiques pour les ménages, avec des dispositifs comme le chèque-énergie ou le bouclier tarifaire.
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Ces actions ont permis de maintenir un taux d’inflation bien inférieur à celui de la plupart des économies européennes. En outre, les sources d’énergie ont rendu la France moins dépendante des produits liés aux combustibles fossiles, et donc moins influencée par les fluctuations des prix de l’énergie.
Par exemple, la figure 1 présente les données à partir de 2021 qui montrent que 69,33 % de l’électricité française proviennent de l’énergie nucléaire, contre 14,8 % au Royaume-Uni et 11,8 % en Allemagne.
Parallèlement, nous pouvons voir dans la figure 2 comment l’Italie, l’Allemagne et le Royaume-Uni dépendent des combustibles fossiles pour leur production d’électricité. C’est pourquoi nous constatons que la contribution de l’énergie à l’inflation en France moins lourde que dans les autres pays européens.
Cependant, en dehors des questions liées à l’énergie, tout pays est influencé par le marché mondial, tout comme les entreprises sont influencées par leur environnement institutionnel. En conséquence, les évolutions prochaines pourraient conduire à des évolutions dans les politiques publiques qui pourraient avoir une influence sur le taux d’inflation, dont personne ne sait encore s’il a atteint son pic.
Par exemple, le récent mouvement de hausse des taux de la banque centrale européenne, enclenché pour la première fois depuis une décennie en juillet dernier pour ralentir l’inflation, pourrait peser sur la balance des paiements des pays, détériorer les soldes publics et offrir un ainsi moins de marge de manœuvre aux États dans leurs politiques pour contenir la hausse des prix.
À moins d’atteindre une sorte de stabilité régionale en termes de politique et d’économie, nous ne pouvons donc pas garantir que la France pourra continuer à faire mieux que ses voisins dans les prochains mois.
Mohamad Hassan Shahrour, Maître de Conférences en Finance, Université Côte d’Azur, IAE Nice et Aymen Smondel, Maître de conférences en finance, IAE de Nice, Université Côte d’Azur
Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.