Experts en Management
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L’entomophagie est une nouvelle pratique alimentaire qui a le vent en poupe. Derrière ce concept se cache une révolution culinaire pour les papilles des gastronomes français, qui se seraient égarés dans un épisode de Koh-Lanta, pour savourer coléoptères, chenilles, et autres sauterelles…
Pratique encore naissante, les premières études comportementales portées par la Professeure Gaëlle Pantin-Sohier de l’IAE Angers, pilote du projet de recherche ANR Cri-Kee (Consumption and Representations of Insects – Knowledge on their Edibility in Europe) avec Céline Gallen (Maître de Conférences à l’IAE Nantes) et Joël Brée (Professeur des Universités à l’IAE Caen et à l’ESSCA), permettent d’analyser les évolutions des consommateurs pour ces nouveaux modes alimentaires, qui pourraient bien constituer une alternative à la viande dans un futur proche.
Les insectes comestibles sont déjà une source de nourriture pour de nombreux pays. Ils sont considérés comme des mets de choix par la plupart des pays du Sud. Si l’entomophagie reste moins en vogue dans les pays européens, elle peut s’imposer comme une alternative à la viande animale conventionnelle, dont l’empreinte écologique (gaz à effet de serre, forte consommation d’eau, transmission virale) s’accommode mal avec les nouveaux enjeux de société liés à l’environnement et à la santé. Cette nouvelle pratique, quant à elle, s’accorde aujourd’hui particulièrement avec l’adoption de nouveaux régimes alimentaires tels que le flexitarisme.
Les avantages nutritionnels des insectes comestibles sont nombreux : riches en oméga 3, fer, vitamines, protéines, ils contiennent tous les acides aminés essentiels, tout comme les protéines animales. Les insectes sont riches en nutriments, ce qui est profitable pour les consommateurs et pour les besoins futurs dus à l’augmentation de la population.
Face à tous ces atouts se dresse un problème de taille : comment dépasser le stade expérimental pour faire des insectes une base alimentaire dans les pays occidentaux. Pour la majorité des consommateurs, les insectes sont considérés comme culturellement non comestibles, porteurs de dégoûts, de peurs, et associés à des comportements primitifs.
Alors que nous ingérons sans le savoir près de 500 grammes d’insectes par an via les colorants alimentaires et les farines, l’acceptation de cette alternative alimentaire implique une évolution des comportements et passe par une recherche des déterminants sociaux, culturels, psychologiques et sensoriels des consommateurs.
C’est tout l’enjeu d’une étude publiée en 2019 par Céline Gallen, Gaëlle Pantin-Sohier et Dominique Peyrat-Guillard dans la revue Recherche et Applications en Marketing qui s’est appliquée à analyser ces mécanismes d’acceptation.
Pour passer du stade expérimental à une consommation de masse, il faudra toutefois lever 2 autres freins : la réglementation européenne qui n’autorise pas encore leur mise sur le marché et celui du prix, qui reste élevé; et dont la baisse ne peut passer que par l’automatisation des process, et l’intensification de l’élevage d’insectes.
Les études du projet Cri-Kee continueront en s’appuyant sur les domaines de compétences de l’IAE et seront l’occasion de montrer aux plus jeunes de nouvelles recettes de gâteaux pour leur fête d’anniversaire !